Don Carlo, Verdi : Ecoute comparative (1)
Une petite écoute comparative de Don Carlo que je vais mener à partir de deux versions : Giulini 1970 et Karajan 1979.
Signalons tout d'abord la principale différence entre ces deux versions : le premier acte (de Fontainebleau) coupé chez Karajan, puisqu'il s'agit de la version dite de Milan. Chez Giulini, il s'agira de la version de Modène, en 5 actes, en Italien. Il existe aussi des versions en français, certaines durant jusqu'à 4 heures.
Karajan, EMI, 1979, studio
Giulini, EMI, 1970, studio
I. La distribution
Le rôle titre tout d'abord :
Chez Karajan, nous avons droit à Carreras. Ce trés grand ténor possède parfaitement ses aigus, et a une voix trés assurée. On peut lui reprocher un certain manque d'expression, et surtout une froideur qui, on va le voir ne fait pas défaut à Domingo.
Giulini, lui, nous offre le jeune Domingo, parfaitement à l'aise lui aussi, et possèdant de façon magnifique le rôle. Si les aigus sont moins brillants, il est formidablement charismatique et possède une grande facilité d'expression. Egal à lui même donc, à 29 ans seulement.
Avantage : Domingo pour son enthousiasme
Rodrigo, marquis de Posa
Rôle clef de baryton, que tinrent des gens aussi différents que Piero Cappuccili, Tito Gobbi, Dietrich Fischer-Dieskau, Sherill Milnes...
Karajan, nous offre un Cappuccili trés trés bon, malgré un certain manque d'expression.
De l'autre coté, Sherril Milnes nous offre un Posa charismatique et donc trés bon.
Avantage : dur, dur...les deux !!!
Eboli :
Agnès Baltsa, l'Eboli de Karajan est excellentissime. On ne peut rien reprocher à Shirley Verrett chez Giulini mais son chant est moins enthousiasmant.
Avantage : Baltsa
Elisabeth de Valois :
On a deux immenses divas ici : Mirella Freni chez Karajan, Montserrat Caballé chez Giulini. Ici tout sera affaire de goût : j'ai en effet un penchant inavouable pour Freni.
Avantage : Freni, mais Caballé est au moins aussi intéressante !
Philippe II :
Le rôle central, et le rôle le plus passionnant peut étre. Surtout qu'ici deux conceptions s'affrontent : la basse russe Nicolai Ghiaurov (chez K.) , voix puissante, grosse cependant mais vraie basse verdienne, et Ruggero Raimondi (chez Giulini), baryton-basse, translucide, clair, et fascinant de théatralité, basse verdienne atypique.
Raimondi me passionne personnellement beaucoup plus que Ghiaurov, mais il est cependant difficile, objectivement de les départager.
Avantage : Raimondi
L'Inquisiteur :
Le combat est inégal : à ma gauche Ruggero Raimondi (Karajan) et Giovanni Foiani (Giulini) à ma droite. L'Inquisiteur de Raimondi est terrifiant, effrayant, clair, celui de Foiani est plus lourd vocalement et moins précis, mais finalement pas si inférieur.
Avantage : Raimondi
Les rôles secondaires :
Karajan écrase ici Giulini : José Van Dam, Edita Gruberova et Barbara Hendricks, rien que ça !!!!
Avantage : Karajan
Le combat est dur et opposer ces versions revient à effectuer un choix draconien. L'équipe fonctionne tout de même mieux chez Giulini, mais les individualités sont plus soignées chez Karajan.
Karajan aligne une distribution impressionnante mais Giulini n'a pas à rougir cependant.
Le combat va se jouer maintenant sur :
-l'orchestre, la prise de son
-l'écoute de passages précis (scène de l'Inquisiteur, autodafé...)
-l'impression générale
A suivre donc.