Une Turandot superlative - Serafin 1957

Publié le par GuiReu



Une Turandot superlative


Aujourd'hui je vais vous parler d'un trés bon disque d'opéra (mais avons nous l'habitude de parler de mauvais disques ?), une version pas si estimée et connue de l'ultime chef d'oeuvre de Giacomo Puccini (1858-1924), Turandot.

Passons tout de suite au disque à proprement parler, car je ferais certainement un article sur Turandot.
La distribution se compose de Maria Callas en princesse glaciale, Eugenio Fernandi en Calaf, et Elizabeth Schwarzkopf en Liù. Ajoutons Nicola Zaccaria en Timur.

Tout d'abord, Eugenio Fernandi se révèle un assez beau Calaf. Loin des sommets des Domingo, Carreras, Pavarotti, il parvient tout de même à s'imposer et a une belle voix, à défaut d'un grand charisme, et face à Callas dans le "In questa reggia" il se fait, en un mot, ratatiner.

Elizabeth Schwarzkopf semble un peu perdue au milieu de tous ces italiens, mais elle fait une trés bonne prestation, égale à elle même, d'un coté assez maniérée, plutot froid, de l'autre avec une voix trés belle, elle parvient à nous livrer des airs de Liù magnifiques.
Personnellement, j'aime beaucoup Schwarzkopf et ce disque est probablement la seule occasion de la voir réunie à l'autre star des années 50 : Maria Callas, qui fait tout le prix de ce disque.

Son In questa reggia est exceptionnel à tous points de vue. Elle est peut étre une des seules à ne pas escamoter les consonnes. Le reste de sa prestation est formidable. C'est une formidable Turandot, glaciale, et qui se rèvèle trés bonne dans la phase d'humanisation également. Cependant, à mon avis, elle est captée trop tard ici. C'est un rôle trés lourd ici, et la voix se fait plus stridente dans les aigus, les graves sont toujours aussi superbes. On sent l'usure, et mieux vaudra alors, si on veut garder un témoignage d'airs de Turandot, se rabattre sur le récital de 1954 où, elle chante In questa reggia et les deux airs de Liù.

Ce qui fait une partie du prix du disque, c'est aussi cet orchestre formidable de Serafin, remarquable à tous points de vue. L'ambiance qu'il met font oublier qu'on est en studio, tout comme les trés bons Ping, Pong et Pang.

C'est donc un trés bon disque, peut étre une des meilleures Turandot publiées pour la qualité de l'ensemble et pour Callas.

Turandot
de Giacomo Puccini (fini par Alfano)
dir. Tullio Serafin/ Maria Callas, Elizabeth Schwarzkopf, Eugenio Fernandi
Orchestre et choeur de la Scala de Milan
EMI (se trouve dans le
coffret Callas )
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R
<br /> Il y a dans ce Turandot une phrase qui caractérise bien l'art de Callas ; quand dans la scène des énigmes la princesse lance à Calaf "sí, la speranza que delude sempre!" en général cela s'entend<br /> comme aggressif et méchant. Avec Callas c'est beaucoup plus ambigu :  elle le dit comme pour elle-même. N'est-elle pas elle-même pleine de déceptions ? Est-ce qu'elle n'espère pas en réalité<br /> que quelqu'un enfin triomphe ?<br /> C'est comme le "Pace, mio Dio" de la Forza ; en général les chanteuses évoquent la paix, avec Callas c'est la quête de la paix qu'on entend, c'est tout le contraire...<br /> <br /> <br />
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G
Bonjour David,Merci pour ta visite sur le blog n'hésite pas à revenir, le site sera mis à jour la deuxième semaine des vacances.
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D
C'est assez exactement mon sentiment sur cette version assez peu estimée, et pourtant magistrale. Callas a bien l'épaisseur psychologique et la dimension surhumaine de cette princesse. Et puis j'ai toujours beaucoup aimé Fernandi, Zaccaria et Serafin.C'est finalement l'une des versions les plus soignées et les plus fouillées de Turandot (avec une Liù bizarre).
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